Depuis l'escalade du conflit au Yémen il y a près de quatre ans, les besoins humanitaires se sont considérablement accrus, 24 millions de personnes, soit 80 % de la population, qui ont ainsi besoin de l’aide humanitaire en 2019.[1] Cela représente une augmentation de 2 millions de personnes, soit 10 %, en seulement 12 mois, due à l'effondrement presque total de l'économie du Yémen, aux conflits dans tout le pays, aux violations du droit international, ainsi qu'à la destruction des infrastructures civiles, notamment des écoles et des hôpitaux, et au refus d'accès aux services de base, qui contribuent aux décès par maladies évitables et à l’augmentation significative du nombre de familles déplacées et de violences liées au genre.
Aujourd’hui, le Yémen est plus proche de la famine que jamais auparavant. 15,9 millions de personnes, soit plus de 50 % de la population, souffrent d’une grave insécurité alimentaire, malgré l’aide alimentaire humanitaire en cours.[2] Selon les estimations actuelles, environ 25 000 personnes vivent dans des conditions proches de la famine.[3]
et le taux de mariages forcés et précoces a triplé depuis 2015.[9]
Nous, organisations humanitaires nationales et internationales au Yémen, travaillons sans relâche pour répondre à ces besoins malgré les problèmes de sécurité, les restrictions d’accès et autres obstacles bureaucratiques. Collectivement, nous travaillons dans 19 gouvernorats et, chaque année, nous touchons des millions de personnes, femmes et enfants. Pourtant, nous sommes constamment confrontés à l’ampleur des souffrances humaines et la réponse humanitaire à l’échelle est un véritable défi, alors que tant de personnes ont besoin d’une aide absolue.
Avant la tenue de la Conférence des donateurs sur le Yémen de 2019, en plus de demander des niveaux de financement suffisants pour mettre en œuvre le Plan d’intervention humanitaire des Nations Unies au Yémen pour cette année, nous demandons aux bailleurs de :
En tant qu’organisations internationales travaillant sur le terrain, nous pensons que l’argent seul n’est pas la solution à la crise au Yémen, qui a été décrite comme « la pire crise humanitaire de notre temps ». Nous exhortons les bailleurs et la communauté internationale à appuyer les mesures qui protègent les civils, à demander des comptes pour les violations et le mépris du droit humanitaire, ainsi que la tenue de négociations de paix, et à faire pression sur leurs alliés pour trouver une solution politique pacifique au conflit au Yémen. Si seule la paix peut mettre un terme aux souffrances du peuple yéménite, l’aide humanitaire ne doit pas dépendre du processus de paix. Le chemin vers la paix au Yémen est long ; malgré de nombreux pas en avant, les populations souffrent toujours. L’aide humanitaire et l’aide au relèvement rapide resteront nécessaires pendant de nombreuses années encore pour réparer les dégâts causés par des années de guerre ; la communauté internationale ne doit pas perdre de temps et continuer à répondre de manière durable et globale aux besoins du peuple yéménite.
[1] UN ‘ Overview of the Humanitarian Needs in Yemen
[2] Yemen: Acute Food Insecurity Situation December 2018 – January 2019, disponible sur : http://www.ipcinfo.org/ipc-country- analysis/details-map/en/c/1151858/
[3] Ce qui signifie qu’ils appartiennent à la catégorie 5 IPC.
[4] https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/GHO2019.pdf
[5] Nutrition Cluster Data
[6] https://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/GHO2019.pdf
[7] Save PR
[8] UNFPA Humanitarian Response Plan in Yemen 2018, disponible sur : https://yemen.unfpa.org/sites/default/files/pub- pdf/UNFPA%20Yemen%202018%20Respone%20brochure%20-%20English%20-%20printed%20final.compressed.pdf
[9] Female respondents aged 15 to 49 years in six governorates. UNICEF, Falling through the cracks. The Children of Yemen,2017.
[10] Famine Action Mechanism Workshop, Amman, January 24, 2019.