Les frontières officielles du Tadjikistan et du Kirghizistan sont l'héritage de l'ère soviétique, soit la Délimitation territoriale nationale (DTN), qui visait à diviser l'Asie centrale en républiques ethniquement homogènes.
Malheureusement pour ceux à la lisière de ces nouvelles frontières, cette division n'accordait que peu d'attention aux ressources naturelles, comme par exemple les rivières qui traverse ces frontières politiques.
De nombreux défis sur la gestion des ressources communes et leur propriété demeurent une source de conflit dans les communautés frontalières. Cependant, ces enjeux représentent également une occasion pour ces communautés transfrontalières de s’unir autour de leur volonté commune de préserver de leurs ressources naturelles pour les générations à venir.
En 2019, ACTED a rassemblé des groupes environnementaux des deux côtés de la frontière tadjiko-kirghize pour partager les pratiques de protection et de préservation des écosystèmes du bassin versant Ak-Suuu du fleuve Syr Darya.
Plus de 400 km de frontière, entre le nord du Tadjikistan et le sud du Kirghizistan, ne restent encore qu’officieusement délimités, puisque sans frontière officielle issue d’un accord commun. De fait, la coopération reste compliquée entre les communautés de part et d’autre de cette frontière² dans le partage des terres, d’eau et d’autres ressources communes.
Depuis la chute des institutions et infrastructures de gestion de l’eau soviétique, l’utilisation de l’eau et des terres est devenue fragmentée, inéquitable et non durable sur le plan écologique. Ceci ont dégradé les écosystèmes locaux, augmenté le risque de catastrophes naturelles et exacerbé les tensions entre les villages en amont et en aval.
Au cours de l’été 2019, ACTED a organisé des réunions de groupe intercommunautaire, surtout composé d’associations de gestions des pâturages, de comité forestier et de préparation aux catastrophes à la frontière tadjiko-kirghize.
L’environnement naturel n’est pas limité par des frontières géopolitiques : les communautés des deux côtés ont un intérêt commun à protéger leurs écosystèmes et ressources naturelles communs. En plus d’y voir ce lien commun, les groupes tadjiks ont eu l’occasion de tirer des enseignements des structures kirghizes de préservation de l’environnement qui sont mieux développées et institutionnalisées.
Les participants aux réunions ont non seulement échangé sur leurs connaissances mais ils ont également pris des mesures nécessaires pour la protection de l’environnement :
– Les experts forestiers ont décidé d’étendre le parc national kirghiz de Sarkent pour créer une zone forestière protégée transfrontière, avec un slogan commun « La forêt est le père de l’eau, l’eau est la mère de la récolte » afin d’exprimer leur intérêt commun pour la préservation des forêts ;
– Les comités de préparation aux catastrophes ont échangé des numéros de téléphone et créé des groupes d’alerte transfrontaliers sur WhatsApp et Viber, qui seront utilisés pour communiquer des mises à jour et des alertes sur les menaces potentielles de catastrophes ;
– Les comités de gestion des pâturages ont décidé de renforcer leur future coopération à l’issue de leurs discussions sur les méthodes d’élevage durable et des moyens de résoudre le problème du surpâturage ;
Ces groupes ont alors servi de plateformes de dialogue et de rencontres, essentielles pour assurer la gestion durable des écosystèmes des bassins fluviaux pour le bien-être des générations futures des deux côtés de la frontière.
La partie échange de connaissances de ces réunions a été d'une valeur inestimable. Discuter et échanger sur les pratiques les plus sûres est le moyen le plus efficace d'apprendre et de développer de nouvelles méthodes et techniques. Les rencontres organisées par ACTED ont créé cet espace d’échange
Le projet « Gestion nationale des ressources en eau » au Tadjikistan, financé par la DDC et mis en œuvre par Helvetas, ACTED et GIZ, vise à protéger les communautés des catastrophes naturelles, des maladies d’origine hydrique, de la pénurie d’eau et des conflits liés à l’eau par une approche inclusive et intégrée de gestion des ressources naturelles. Le succès de ces efforts dépend essentiellement de l’importance accordée aux relations transfrontalières de coopération au sein du bassin hydrographique.