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Ukraine : Témoignages en direct

Svitlana s'exprime depuis Svitlana depuis Khmelnyk, dans la région de Vinnytsia

« Après que deux roquettes aient été larguées près du sous-sol où nous étions cachés à Kharkiv et que nos fenêtres aient été soufflées, nous avons décidé de quitter la ville. D’abord, nous sommes restés dans la région de Kharkiv chez nos proches. Après que cela soit devenu dangereux là aussi, nous avons déménagé dans la région de Vinnytsia. Comme nous avons quitté la ville sans rien, nous avons été confrontés à de nombreux problèmes : trouver un logement, payer les services publics et accéder aux services de base.« 

« Nous avons reçu une aide financière d’ACTED d’un montant de 6 660 euros par personne pour 3 mois. Cela nous aide à payer les charges et à acheter des produits de première nécessité : des chaussures et des vêtements d’été puisque nous avons quitté la ville en vêtements d’hiver, une bouilloire électrique puisque le gaz est cher et de la nourriture. Merci beaucoup, sans cette aide, tout aurait été très difficile.« 

Des distributions de repas chauds au soutien des personnes déplacées

©Antoni Lallican pour ACTED Ukraine, mars 2022
386 900 personnes ont trouvé refuge à ce jour dans l'ouest de l'Ukraine, après avoir fui les villes assiégées ou quasi-assiégées et les zones bombardées. Certains restent dans les centres collectifs de Lviv, tandis que d'autres poursuivent leur route vers la frontière polonaise, à 70 km de Lviv.

Les équipes d'ACTED sont aujourd'hui mobilisées à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, pour continuer de soutenir de l'intérieur les victimes du conflit.

L’ouest de l’Ukraine accueille aujourd’hui des milliers de personnes qui ont fuit les zones assiégées ou quasi assiégées. Beaucoup de personnes déplacées se sont réfugiées dans des centres collectifs (gymnases, écoles, églises, hôtels, etc.) ou dans des familles d’accueil. Alors que des milliers de personnes déplacées fuyant les bombardements continuent d’affluer dans la région, équipes travaillent de concert avec les centres d’hébergement et les partenaires sur place pour apporter une aide de première urgence à ceux qui en ont le plus besoin, distribuer des repas chauds et des biens de premières nécessité.

Dans un dortoir aménagé à la hâte dans les locaux de l’université polytechnique de Lviv, une cinquantaine de personnes partagent un repas chaud distribué par les équipes d’ACTED. Parmi elles, Oxane, 52 ans. Elle est arrivée le 2 mars avec son mari depuis Kyiv.

Nous sommes partis, mon mari et moi, avec juste ce petit sac, quelques vêtements, des biscuits, et un ticket de train pour quitter Kyiv.

Oxane, 52 ans

Oxane est professeur de littérature ukrainienne, son mari Volodia est agent de sécurité. Ils ont un fils parti en Hongrie à la fin de l’année dernière. « Nous voulions le rejoindre, mais mon mari a moins de 60 ans, il est mobilisable et n’a pas le droit de partir ». Volodia, son mari, écoute la conversation, abattu. Oxane pleure souvent. Son monde a été englouti. Elle a très peur, elle ne sait que faire, elle ne comprend plus rien : « C’est inimaginable! »

Ils racontent : témoignages des collègues de Lviv

Ils sont une douzaine à travailler désormais depuis le bureau d’ACTED à Lviv. Ils viennent du Donbass et d’autres régions ukrainiennes, mais aussi d’Arménie, ou encore du Québec. Ils nous racontent comment leur quotidien a été transformé, et comment tous et toutes se sont mobilisés et redoublent d’efforts pour répondre à l’urgence.

Dans l’urgence, tout est à faire, il faut faire face. C’est la course. Certains sont arrivés avec leur famille : il faut se loger, trouver des solutions après être partis à la hâte. Et surtout il faut s’adapter, tandis que les sirènes d’alerte retentissent dans la ville.

Anna vient juste de rejoindre les équipes à Lviv. Originaire de la région de Kharkiv, Anna était revenue dans son appartement à Kyiv en octobre dernier, de retour de mission avec ACTED à Kaboul. Elle raconte :

En une nuit j’ai basculé dans un autre monde : je me suis réveillée dans mon pays, mais avec le conflit. Tout était différent. Ce qui m'a le plus frappé au début, c'était de voir les rues de Kyiv désertes, les magasins fermés, les cafés aux rideaux tombés. C'était étrange.

Anna

Anna parle d’une voix douce, très calme. Elle est arrivée à Lviv la veille, par le train, après de nombreuses heures de voyage. Dès le lendemain matin, elle était au bureau, prête à se mobiliser pour les opérations d’urgence. Elle n’a emporté qu’un tout petit sac, « pour laisser la place aux autres », raconte-t-elle. Ses livres, ses vêtements, ses affaires sont restés dans son appartement à Kyiv. « Aucune importance », dit-elle, « je retrouverai tout cela plus tard ».

C’est désormais depuis Lviv qu’elle coordonne une partie des activités d’ACTED en Ukraine. Elle n’a aucune intention de quitter son pays et sa famille. « Les gens que je connais, mes amis, mes proches, ne veulent pas partir à l’étranger ». Elle se sent encore plus investie et plus motivée : « Ce que je fais ici, ce sera pour des gens que je connais, dont je partage la vie ».