« Quelle méthode avez-vous utilisé pour stocker vos semences pour la prochaine saison agricole ? Vous les avez mélangées avec d’autres graines, conservées dans des récipients à part, ou dans leur enveloppe ? »
» C’était l’une des questions posées aux agriculteurs du gouvernorat d’Al Jawf lors d’une enquête menée par ACTED dans le cadre de son projet de soutien aux agriculteurs de la région : dans le cadre de ce projet, ACTED a notamment distribué des semences aux agriculteurs qui ne parvenaient plus à mener leur activité à bien faute d’accès à des semences.
Je suis agriculteur et, comme nombre d’entre nous, aujourd’hui je peux difficilement me qualifier comme tel.
Mohammad, a 38 ans, et est originaire de Bart Al Anan. Aujourd’hui, il ne cultive ni ne récolte plus rien.
« Dans les circonstances actuelles, la guerre, le blocus, nous ne pouvons plus faire notre travail, nous n’avons plus les moyens de faire de bonnes récoltes. Les semences sont l’essence même de notre travail. Mais on n’en trouve plus, et quand bien même on en trouverait, elles sont si chères que nous n’avons pas les moyens de les payer », ajoute-t-il. « Il en va de même pour le carburant ».
Le conflit a eu un impact considérable sur la production agricole qui, en 2015, lorsque le conflit a éclaté, a chuté de 30% par rapport à 2014. En cause, l’insuffisance des pluies saisonnières, le manque d’accès aux terres agricoles et les prix élevés des intrants. Depuis début 2018, avec la montée en flèche des prix du carburant, la situation agricole est encore plus difficile, notamment dans les gouvernorats du nord du Yémen, comme Al Jawf, où les activités agricoles dépendent fortement de l’approvisionnement en carburant.
ACTED a travaillé avec l’OFDA pour soutenir 2400 agriculteurs dans les gouvernorats de Raymah, Al Dhale’e et Al Jawf, des zones agricoles clés où les agriculteurs les plus vulnérables ne sont plus en mesure de mener à bien leur activité. C’est dans ces régions que le projet a été mis en place pour relancer la production agricole et rétablir la sécurité alimentaire.
Mohammad est l’un des bénéficiaires qui ont reçu une aide pour accéder à des terres agricoles et à des outils. Les familles les plus vulnérables (par exemple veuves ou divorcées avec des enfants à charge, familles avec beaucoup d’enfants à charge, mineurs chefs de foyer, femmes enceintes ou allaitantes), prioritaires, ont également pu recevoir des semences.
Dans le cadre de ce programme, ACTED a distribué environ 50 kg de semences de différents types (blé, pomme de terre…), sur la base de discussions avec des membres de la communauté et en consultation avec des experts locaux.
Mohammad a pu assister à des séances de formation sur les meilleures méthodes pour protéger les plantes contre les parasites et les maladies, ainsi que sur l’utilisation appropriée de pesticides, et a également été formé à la confection d’engrais biologiques. Son kit de formation et ses semences en main, Mohammad s’est empressé d’aller semer son champ : il est convaincu qu’il arrivera à augmenter sa production agricole, et qu’il pourra ainsi améliorer sa situation alimentaire.