Haïti, déjà éprouvée par des décennies de pauvreté, de catastrophes naturelles et d'instabilité politique, fait face à une crise humanitaire aiguë qui se manifeste à travers la situation des déplacés internes dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince, la résurgence du choléra, et l'escalade de la violence des gangs. Ces facteurs combinés exacerbent les vulnérabilités des populations haïtiennes et nécessitent des réponses immédiates et coordonnées pour reconstruire un avenir plus stable.
La Zone Métropolitaine de Port-au-Prince est le théâtre d’une crise humanitaire complexe, avec 89 007 déplacés internes (PDIs) selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (4 avril 2024). Ces PDIs sont accueillis dans 87 sites, dont 34 sont des écoles converties en abris temporaires. Selon des rapports combinés du Programme alimentaire mondial (PAM), de l’Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA) et d’autres agences des Nations unies, 3.3 millions d’haitiens ont des besoins en EPHA (eau potable, hygiène, assainissement, etc.), 4.5 millions en soins de santé, 4.2 millions en logement, 4.9 millions en nourriture, et 11.5 millions en sécurité.
La situation est d’autant plus alarmante que depuis fin février, les gangs haïtiens ont intensifié leurs actions, attaquant de manière coordonnée les postes de police, les prisons, l’aéroport, le port maritime,attaques qui ont contribué à une augmentation significative du nombre de déplacés internes. Selon l’OIM, en trois semaines, plus de 50 000 personnes ont fui la zone métropolitaine de Port-au-Prince vers d’autres départements du pays, principalement le grand sud, pour échapper à la violence des gangs.
Parallèlement à cette crise sécuritaire, Haïti est confronté à la résurgence du choléra, une maladie qui a déjà causé des ravages considérables dans le pays. Depuis octobre 2022, le choléra s’est propagé dans tout le pays, touchant principalement les enfants de 1 à 4 ans. Selon le rapport du Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) du 30 janvier 2024, 2029 cas ont été confirmés dans la région ouest. Cette épidémie, combinée au manque d’infrastructures de santé adéquates, d’eau potable, d’hygiène, exacerbe la vulnérabilité des populations déplacées.
Des actions urgentes sont nécessaires pour ralentir la mortalité liées au choléra, renforcer la sécurité des déplacés dans les sites d’accueil, et fournir des services de base essentiels tels que l’eau, l’hygiène, l’assainissement, et les soins de santé primaires. Les partenariats entre les acteurs humanitaires, les autorités locales, et la communauté internationale sont essentiels pour assurer une réponse coordonnée, efficace, et durable à cette crise multidimensionnelle.
Acted, en collaboration avec d’autres partenaires, continue de jouer un rôle crucial dans la lutte contre le choléra et la fourniture d’assistance aux déplacés. Depuis février 2024, avec la participation de l’UNICEF, Acted intervient sur 13 sites de déplacés dans la Zone Métropolitaine de Port-au-Prince : distribution de 4 500 kits ménages, vidange de fosses de latrines, réparation de WC, nettoyage de citerne, système de drainage, formation EPAH des comités de gestion des sites, distribution de kits d’entretien des infrastructures pour chaque site, et distribution d’eau par camion. Cependant, des efforts supplémentaires et une coordination renforcée sont nécessaires pour faire face aux besoins croissants de ces populations vulnérables, et pour construire un avenir plus stable et résilient pour tous les Haïtiens et Haïtiennes.