Dans un contexte favorable, lorsque les marchés fonctionnent et sont en mesure de répondre à la demande, les transferts de liquidités (Cash transfert) peuvent constituer des alternatives pertinentes et efficaces aux distributions de nourriture et de biens non alimentaires, autrement dit d’aide en nature. En premier lieu, car les programmes de transferts monétaires constituent une modalité d’aide plus flexible et plus respectueuse de la dignité des bénéficiaires, puisqu’ils ont la liberté de choisir ce dont ils ont besoin, et recouvrent une part de contrôle sur leur situation. Puis, car dans le monde d’aujourd’hui la plupart des familles sont dépendantes d’une manière ou d’une autre des liquidités. L’aide en nature a souvent pour conséquence que les familles bénéficiaires cherchent d’autres moyens de se procurer de l’argent liquide, en vendant par exemple leurs actifs productifs, ou en confiant leurs enfants à des membres de la famille, des solutions qui, sur le long terme, peuvent nuire à leurs moyens d’existence.
Les transferts de liquidités, au-delà de soutenir la relance des moyens de subsistance des familles, peuvent aussi bénéficier au commerce local et à la relance économique sur le court terme comme sur le long terme. L’argent liquide permet de stimuler les marchés, tout en profitant aux commerçants et prestataires de service locaux, au secteur des transports, aux fournisseurs et aux transporteurs de marchandises. Si des marchandises sont déjà disponibles et accessibles au niveau local, la mise en place de transferts de liquidités peut s’avérer plus rapide que l’acheminement de biens de l’étranger, tout en évitant les coûts logistiques et les frais d’importation.
Les transferts de liquidités, quels qu’ils soient, ont un seul objectif : la rapidité et la rentabilité de l’aide apportée aux populations touchées par une crise, tout en soutenant l’économie locale.
Le potentiel des transferts de liquidités pour les interventions humanitaires
ACTED met déjà en œuvre des programmes et modalités de transferts de liquidités depuis plusieurs années dans ses différents pays d’intervention et dans différents contextes, tout en veillant à tirer parti des meilleures pratiques et en développant des pratiques innovantes pour augmenter la portée et l’impact de ces programmes.
ACTED plaide pour la normalisation de cette approche au sein de l’organisation, mais aussi auprès des bailleurs et autres parties prenantes. Le potentiel des transferts de liquidités (dont transferts inconditionnels et multi-usage, argent contre travail ou coupons) pour transformer l’action humanitaire est de plus en plus reconnu par les bailleurs comme par les praticiens. Dans le cadre du Grand Bargain, bailleurs et organisations d’aide humanitaire sont engagés à accroître l’utilisation et la coordination des programmes d’aide en espèces.
ACTED est notamment membre du Cash Learning Partnership (CaLP), un partenariat mondial d’acteurs humanitaires engagés pour des politiques, pratiques et études stratégiques dans le cadre de programmes d’aide en espèces.
Nous considérons les programmes de transfert de liquidités comme une modalité primordiale de réponse aux situations d’urgence, dans un contexte opérationnel approprié. L’aide en espèce s’avère très efficace pour réduire la souffrance des bénéficiaires et leur permettre de sortir du cycle de dépendance à l’aide humanitaire : modalité plus flexible, ils laissent le choix aux bénéficiaires de déterminer comment répondre à leurs besoins à un instant T.
Les programmes de transfert d’argent peuvent être à la base d’une série d’interventions, ou bien une étape de la relance économique et du développement. Différents types de programmes de transfert d’argent peuvent être mis en œuvre en même temps (par exemple argent contre travail et transferts inconditionnels) ou en lien avec d’autres types de programmes (par exemple des transferts d’argent directs en complément de distributions de nourriture).
Les avantages des programmes de transfert d’argent sont nombreux, sans pour autant en faire la réponse appropriée en toutes circonstances. La situation où une aide en nature sera plus efficace qu’une aide en espèce se présente souvent, par exemple dans des systèmes sociétaux qui utilisent l’échange ou le troc, ou encore dans les communautés où les marchés ne fonctionnent pas. Chaque contexte requiert donc une évaluation et une analyse attentives. Mais, dans les cas où l’aide en espèce s’avère la plus appropriée, son impact sur la population peut être considérable.